5 mythos du porno qui nuisent gravement à l’épanouissement sexuel

Dans le porno les hommes bandent sur commande et tiennent des heures sans cligner des yeux. IRL, les hommes ne sont pas des robots, et leur sexe n’est pas en acier.

  • 10.09.21
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5 mythos du porno qui nuisent gravement à l’épanouissement sexuel

Mytho n°1 : Les hommes ont un pénis énorme

Les points communs entre tous les acteurs porno ? Ils ont le torse luisant comme un pare-choc de limousine, une seule expression faciale, et une aubergine cultivée aux OGM dans le slip. Or on a beau savoir que Youporn n’est pas une chaîne documentaire, on a quand même tendance à confondre la norme du porno avec la norme de la vraie vie : d’après cette étude (1), près d’1 homme sur 2 pense qu’un pénis mesure plus de 16cm en érection, alors qu’il en fait 13 en moyenne, et 32% des hommes de moins de 25 ans a déjà complexé sur la taille de leur sexe, contre 24% tout âge confondu… Par ailleurs, si la majorité des femmes (63%) et des hommes (56%) estiment que la taille du pénis est secondaire dans le plaisir féminin, 61% des moins de 25 ans pensent le contraire.

Messieurs, il est temps que vous le sachiez : 1/ votre valeur n’est pas indexée sur la taille de votre pénis, et 2/ le plus gros organe sexuel, ce sera toujours le cerveau. Que vous soyez hétéro, gay, bi ou autre, il vaut mille fois mieux avoir de l’attention pour sa/son/ses partenaires et un zizi modeste qu’un sexe énorme et une empathie de cloporte. Oh, et pendant qu’on y est : la virilité n’est pas corrélée avec le volume de l’éjaculation, qui n’est pas corrélé avec la taille du pénis, ni avec le plaisir. Et la quantité moyenne de sperme par éjaculation (2), c’est 4ml, soit l’équivalent d’une cuiller à café. Pas d’un thermos à café.

Mytho n°2 : les femmes ont une vulve d’enfant

Minuscules et totalement imberbes, les vulves des actrices porno ressemblent à des vulves de Barbie, précisément pour faire paraître les pénis de leurs partenaires encore plus impressionnants. Alors que scoop : les femmes sont des êtres humains et à ce titre, elles ont des poils, comme tous les êtres humains, et des sexes qui ressemblent à des sexes, pas à des abricots. Hélas, la culture porno leur a progressivement fait zapper ces paramètres, et les jeunes femmes de moins de 25 ans sont celles qui pratiquent le plus l’épilation intégrale (3) (56%, contre 24% tous âges confondus), souvent à la demande de leur partenaire (63% des jeunes hommes de moins de 25 ans préfèrent que leur partenaire s’épile les lèvres).

Alors que scoop : les femmes sont des êtres humains et à ce titre, elles ont des poils, comme tous les êtres humains, et des sexes qui ressemblent à des sexes, pas à des abricots

Le problème, c’est que c’est aussi les moins de 25 ans qui complexent le plus sur leur vulve. Or injonction + complexe = charge mentale sexuelle XXL, qui freine le désir et la spontanéité essentiels au plaisir. Pas étonnant que ce soit donc aussi les femmes de moins de 25 ans qui aient le plus de difficultés à atteindre l’orgasme (63%, contre 54% des 25-34 ans) d’après cette enquête (4). On ne le dira jamais assez : il y a autant de vulves que de femmes, et toutes sont « normales ». Si votre partenaire n’aime pas la vôtre, changez de partenaire, surtout pas de vulve.

Mytho n°3 : Plus le pénis est gros, plus on jouit

Les lesbiennes en rient encore, elles qui jouissent nettement plus souvent et facilement (5) que les hétéros, tandis que leur orientation sexuelle n’a aucune incidence sur l’orgasme des hommes… Le porno (et la société) associent la taille du pénis à la performance sexuelle, alors que les deux n’ont strictement rien à voir. En effet, hétéro ou pas, la plupart des femmes ont besoin d’une stimulation clitoridienne pour jouir. Or le clitoris est à l’extérieur de la vulve, et ses racines juste à l’entrée du vagin, de chaque côté. Donc les femmes ont autant besoin d’un gros pénis pour jouir qu’un poisson a besoin d’un tuba pour respirer sous l’eau. Et les grands coups de boutoir sont eux aussi parfaitement inutiles : les vagins ne sont pas des pont-levis, et on est pas dans World of Warcraft.

Le porno (et la société) associent la taille du pénis à la performance sexuelle, alors que les deux n’ont strictement rien à voir

Mytho n°4 : Les femmes adorent le sexe anal à sec et se faire éjaculer sur le visage par une bande d’inconnus

Heu… vraiment pas, non. Ou du moins, pas si elles n’en ont pas exprimé explicitement le désir. Par « explicitement », on entend aussi « spontanément ». En fait, les femmes n’aiment pas être maltraitées si elles ne l’ont pas demandé. Pas parce ce sont des fleurs délicates, mais parce que ce sont des êtres humains, exactement comme les hommes, qui n’aiment pas non plus être traités comme des jouets pour chien. Donc on checke le consentement de sa/son partenaire AVANT et PENDANT l’acte, merci.

Mytho n°5 : les hommes n’ont pas besoin de préliminaires

Dans le porno les hommes bandent sur commande et tiennent des heures sans cligner des yeux. IRL, les hommes ne sont pas des robots, et leur sexe n’est pas en acier. Il est grand temps d’en finir avec cette conception sexiste, hétérocentrée et limitante du sexe. Il n’y a pas de « vrai sexe » avec pénétration d’un côté et du « sexe pour filles » de l’autre : les caresses SONT du sexe, et pas plus que les sentiments elles ne sont pas réservées aux femmes. Après tout, à part les zones génitales qui sont différentes - et tout aussi sensibles -, les terminaisons nerveuses sont exactement les mêmes chez une femme que chez un homme, qui est donc tout aussi capable d’apprécier les caresses, pas uniquement bucco-génitales. Le sexe sans sensualité, c’est comme les pâtes au beurre sans beurre : changez de recette.

Pour en savoir plus

(1) IFOP.COM - Enquête sur l'impact de la pornographie dans le rapport au corps des français

(2) NEONMAG.FR - Peut-on augmenter son volume de sperme ?

(3) LESINROCKS.FR - Le rapport des femmes avec l’épilation est plus complexe qu’on le pense (et c’est cool)

(4) NEONMAG.FR - Fréquence, pratiques, masturbation, fantasmes... Avez-vous une sexualité "normale"

(5) SLATE.FR - Sexe lesbien: plus de plaisir?